Description d'une monnaie

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DESCRIPTION d’une MONNAIE

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Une monnaie, c'est avant tout un morceau de métal : ça, vous le saviez déjà.

Il va nous falloir être plus précis si nous voulons décrire au mieux une monnaie spécifique.

Tout d'abord, pour les monnaies romaines, trois métaux et leurs alliages ont été utilisés:

           - l'or ( parfois allié d'argent )

           - l'argent ( parfois utilisé en alliage avec du cuivre, ou en couverture de cuivre )

           - le cuivre et ses nombreux alliages dont les plus fréquents sont le bronze, l'orichalque et le billon

Pour faire simple, résumons à l'or, l'argent et le bronze ( les trois Monetae des romains ).

Ensuite il nous faut apprendre à "lire" une monnaie romaine.

Au début c'est aussi évident que du chinois.

Quelques données de base :

           - les lettres et chiffres peuvent être écrits en caractères latins ( pour toute la partie occidentale de l'Empire ) ou en lettres grecques ( pour les colonies orientales de l'Empire )

           - les romains avaient l'habitude de ne pas écrire les mots en entier, parfois résumés à une seule lettre

           - ils avaient aussi la fâcheuse habitude de ne pas séparer les mots ( ou fraction de mots ) entre eux dans la plupart des cas

           - enfin, les chiffres romains étant composés de lettres, il pourrait arriver de confondre un mot et un nombre, un chiffre et une lettre ( V peut signifier V, ou U, ou 5 ).

La solution consiste à repérer les principales abbréviations utilisées par les romains pour indiquer les acclamations impériales, les puissances tribuniciennes, les consulats...

Et puis il faut se lancer, prendre une monnaie en main, et commencer à déchiffrer, à lire la suite de lettres identifiables, en notant les espaces non lisibles.

Le découpage des mots ne peut se faire sans une lecture soignée.

Ensuite s' aider de la documentation à votre portée : livres et internet, et se faire aider ( dans les clubs de numismatique, ou en envoyant un mail par exemple à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. )

Conseil : un livre très accessible ( 29€ ! ) à commander chez cgb.fr, plein de bons conseils, en français, bien illustré et avec pour chaque monnaie l'inscription latine et sa traduction en latin et en français, plus la description de la monnaie :

                     " Les Monnaies Romaines " Laurent SCHMITT et Michel PRIEUR - Editions Les Chevau-légers - 2004 - ISBN 2-903629-71-4

Maintenant, histoire d'avoir un langage commun et améliorer notre connaissance, décrivons les différents éléments et détails d'une monnaie romaine.

Tout d'abord, l' AVERS , noté A / dans les publications. C'est le côté "face", le "devant" de la monnaie, là où se trouve dans la majorité des cas le portrait de l'Empereur.

Ce que l'on pourra lire, c'est la titulature de l'Empereur, ses titres en quelque sorte.

La lecture se fait le plus souvent comme si nous lisions "depuis l'intérieur de la monnaie", mais aussi parfois comme si nous lisions "depuis l'extérieur". Une monnaie du I° siècle ap.J.C. aura parfois cette caractéristique, comme beaucoup de monnaies modernes qui mélangent joyeuseument les deux formes pour éviter d'avoir à faire tourner la monnaie pour la lire.

Dans nos transcriptions modernes, et afin d'en faciliter la lecture, nous avons l'habitude de faire suivre un mot incomplet d'un point.

Inscriptions les plus courantes :

IMP. pour Imperator, soit Général, chef des armées, celui qui a reçu un imperium, mais qui prendra de fait le sens que nous lui donnons, le patron sans partage de l'Empire, qualifié à l'époque de "République" pour garder un semblant de démocratie. Parfois l'inscription est suivie d'un numero ( plus souvent au revers ) indiquant de quelle acclamation impériale il s'agit lorsqu'il y en eut plusieurs.

AUG. ( AVG. en latin ) pour Augustus, l'auguste, celui qui bénéficie de la plus haute dignité, de fait l'Empereur.

TR.P. ou TR.POT. pour Tribunitia Potestate, puissance tribunicienne, souvent suivie d'un numero.

COS. indique un Consulat, très souvent suivi d'un numéro ( par exemple COS.III pour Consul tertium)

C. ou CAES. pour Caesar, césar ( terme générique employé dans ce cas sans majuscule ) pour Prince hériter, voir n° 2 de l'Empire, sous l'autorité directe de l'Empereur .Il arrive qu'un césar, devenu Empereur conserve ce titre, en plus des autres. Attention : C. peut aussi être l'abbrégé de Caius, au sein de la tria nomina, le nom de l'Empereur. Il sera en ce cas suivi d'un nom.

P.F. pour Pius Felix, pieux et heureux

P.P. pour Pater Patriae, Père de la patrie est un titre honorifique ne correspondant à aucune charge spécifique.

P.M. ou P.MAX. ou PONT.MAX. pour Pontifex Maximus signifie Grand Pontife, chef de toutes les religions.

P. ou PRIN. ou PRINC. pour Princep, le premier, est quasiment le titre d'Empereur

D.N. pour Dominus Noster, notre Seigneur, est le titre porté par les Empereurs au Bas-Empire.

Le doublement des lettres indique le doublement des titulaires ( DD.NN. pour nos Seigneurs, pour deux co-empereurs ) et le triplement que cela concerne trois personnages égaux en titre ( AUGGG. pour trois augustes )

Ensuite le REVERS, noté R / dans les publications. C'est le côté "pile, "l'arrière" de la monnaie, où figure un monument, une allégorie, un dieu, ...

Ce qu'on y lira s'appelle la légende, qui donne parfois une indication quant au nom de la divinité représentée, ou un complément concernant l'Empereur, souvent un message politique, bien utile en ces temps ou la presse n'existait pas et où les livres étaient rares.

La diversité des inscriptions de revers est très grande, et nous n'en donnons ici que quelques-unes parmi les plus courantes.

S.C. pour Senatus Consulto, avec l'agrément du Sénat ( cette mention rappelait les prérogatives du Sénat, seul habilité à frapper monnaie, marque du pouvoir politique )

S.P.Q.R. pour Senatus Populus Que Romanus, an nom du Sénat et du Peuple Romain, formule que l'on retrouvait fréquemment au fronton des grands monuments et sur les enseignes militaires.

PRINC. au revers, suivi de IVVENTVTI, Princeps Juventuti, signifie Prince de la jeunesse, porté par les fils, voir petits-fils de l'Empereur dans leur jeune âge.

Ce que l'on retrouvera également au revers, ce sont des lettres, ou groupes de lettres, qui seront une marque d'atelier, ou d'officine, ou d'émission, ou autre chose.

Pour les lettres d'ateliers, voir : Outils / A35- Ateliers, lettres et chiffres au revers.

 

      Et maintenant un peu plus de vocabulaire nummismatique :

           - le flan est la rondelle de métal découpée qui sera posée à chaud sur le coin de Revers ( coin dormant fixé sur un support ) avant d'être frappée par le coin d'Avers ( coin mobile qui recevra le coup de frappe )

           - les coins monétaires sont des pièces de métal massives, souvent du fer trempé pour assurer leur dureté et par là même leur durabilité, dont la surface qui sert à frapper le flan pour en faire une monnaie a été gravée en creux. Pris entre deux coins, celui d'avers et celui de revers, le flan est transformé en monnaie en une seule opération de frappe.

           - le champ : c'est la surface libre comprise à l'intérieur de la légende, contenant parfois une ou plusieurs lettres ou signes ( s'il y a une figure au centre, on parlera de champ gauche ou de champ droit

           - le centre , terme surtout employé pour le revers, est comme son nom l'indique, la partie centrale, souvent occupée par une représentation ( divinité, monument, ... ) mais qui présente parfois aussi un point en relief, résidu du trou de centrage réalisé pour préparer la gravure en creux du coin. Il peut également contenir une inscription, souvent horizontale, en une ou plusieurs lignes, parfois entourée d'une couronne de végétaux, ou gravée sur une stèle ou une colonne.

           - l'exergue est la partie centrale située "en bas" du revers, nous dirions en langage numismatique à 6 heures, qui ne fait pas partie de la légende car elle se lit non de "l'intérieur" comme la légende, mais de l'extérieur

           - le grènetis est la ligne de points qui fait le tour de chaque face de la monnaie, entourant par l'extérieur la titulature comme la légende et qui marque la limite théorique de la monnaie ( cela servait en principe à éviter les rognages qui permettaient de récupérer frauduleusement un peu de métal ). En fait, bien souvent, la frappe étant manuelle, donc irrégulière, il arrivait bien des fois qu'une partie du grènetis tombe à l'extérieur du flan ( flan trop petit, ou insuffisament chaud au moment de la frappe, ou mal positionné ) ou à l'inverse que le flan dépasse largement la limite du grènetis.

          - la patine est l'état d'altération du métal à la surface de la monnaie, acquise par oxydation au contact de l'humidité. Une belle patine augmente la valeur d'une monnaie, pour peu qu'elle n'altère pas trop sa surface et les motifs qu'elle comporte. Attention aux nettoyages musclés qui risqueraient d'altérer ou de faire disparaître la patine. Un encroûtement trop invasif ou ayant gravement altéré la surface de la monnaie au point d'en faire disparaître les reliefs peut lui faire perdre toute sa valeur. Cependant si cette couche d'oxydation est trop incrustée au point de provoquer des arrachements de métal, mieux vaut la conserver, de nouvelles méthodes d'analyse se développant actuellement.

          - un atelier est le lieu de frappe des monnaies. Il porte toujours le nom d'une ville, quand bien même il y aurait eu plusieurs lieux de frappe en cette ville ( ce qui semble peu probable pour des raisons de sécurité, même si on peut imaginer que les coins ou les flans n'étaient pas obligatoirement préparés au même endroit que la frappe ) . Rares sont les ateliers dits "itinérants" qui ont suivi la progression d'armées en campagne.

          - une officine est une subdivision d'un atelier. Pour l'identifier elle porte parfois un chiffre ou un numero, parfois une lettre

           - une émission est une période durant laquelle une officine, voir tout un atelier, a frappé un type de monnaie bien précis.

           - une variante est une monnaie non décrite dans l'ouvrage de référence que l'on utilise, mais suffisament proche d'une monnaie décrite pour porter son numero suivi de var.

           - une monnaie inédite est une monnaie jamais décrite et n'existant ( à ce jour ) qu'en un seul exemplaire.

           - un médaillon est un objet ayant l'apparence d'une monnaie, mais de plus grande taille et d'un poids pouvant être le double de celui d'un sesterce. Il pouvait être en or, en argent ou en bronze et servait probablement de récompense attribuée par l'Empereur ou l'un de ses représentants à un militaire ou un citoyen méritant. Ne circulant pas comme monnaie, il gardait toute sa valeur au prix du métal.

           - une monnaie incuse est une monnaie dont l'un des coins n'avait pas été libéré de la frappe précédente, et qui a donc été frappée non pas en relief sur un coin en creux, mais en creux sur une monnaie en relief, monnaie précédente déjà refroidie donc assez dure pour marquer le flan chaud de la monnaie incuse. Elle comportera donc une face normale, avers ou revers, et sur l'autre face le même motif en creux. A titre de curiosité, comme les monnaies modernes "fautées" les incuses sont recherchées.

           - les barbares , terme aujourd'hui peu usité, sont des copies de monnaies romaines frappées en dehors de l'autorité impériale, comportant souvent des fautes, voir une écriture complètement dégénérée et illisible, associant parfois l'avers d'une monnaie avec le revers d'une autre, quand ce n'était pas l'avers d'un Empereur et le revers d'un autre.

           - les coloniales sont des monnaies frappées en dehors de Rome, avec l'accord de l'autorité impériale, dans les colonies romaines. L'autorité émettrice est souvent une cité, capitale de province. En occident elles sont frappées en caractères latins et en orient avec des caractères grecs.

           - les faux d'époque proviennent d'ateliers de faussaires antiques. Parfois de grandes qualité, parfois moulés à partir d'une monnaie authentique, ils présentent alors une apparence "molle". Une variété particulière est constituée des monnaies fourrées, souvent des deniers, ayant une âme en cuivre recouverte d'une fine couche d'argent.

           - les faux modernes fleurissent sur les grands sites d'enchères, mais aussi sur les salons auprès de professionnels parfois plus ignorants que malhonnêtes. Après les Italiens, les maîtres en la matière sont aujourd'hui les Chinois. Attention aux "bonnes affaires". Une variété particulière, les padouans, fabriqués au XVII° siècle à Padoue ( Italie ) pour de riches collectionneurs dont la qualité de l'objet importait plus que l'authenticité, peuvent présenter un intérêt pour peu qu'il soient vendus comme tels. Leur taille est plus proche de celle d'un médaillon que d'une monnaie, et leur iconographie plus fine et plus belle que celles des modèles monétaires antiques ( cf CGB brm_250876 ).

           - les monnaies saucées sont souvent d'authentiques monnaies impériales, dont le métal fondu comportait environ 95% d'alliage cuivreux et 5% d'argent. A la frappe, l'argent plus fluide remontait à la surface de la monnaie, lui donnant au moins pour quelques temps l'apparence d'une monnaie de pur argent. Certaines conservent encore tout ou partie de leur argenture.

           - un denier serratus , monnaie d'argent, présente sur son pourtour toute une succession de petites encoches destinées à éviter le "grignotage" frauduleux réalisé afin de récupérer du métal tout en gardant la valeur faciale de la monnaie.

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